Mes déceptions françaises ou la fin des illusions
À un seul jour de différence, j’ai eu deux entretiens d’embauche. L’un avec une commission formée de trois Français (hommes) et une Roumaine, l’autre avec un Britannique.
Juste au milieu du premier entretien, l’un des trois Français de la commission (un haut fonctionnaire, représentant de l’État français en Roumanie), me lance d’un coup :
– Excusez-moi, mais avez-vous des enfants? Et moi, très idiote, au lieu de rétorquer « Et en quoi cela affecterait mes compétences professionnelles? », je réponds : « Oui, j’ai un fils »
– Ah, avoir des enfants c’est un emploi à temps plein. Comment est-ce que vous pourriez faire face à la position de … qui vous demande de travailler en dehors du programme ?
Inutile de dire que mon CV montrait que j’avais eu l’occasion de très bien gérer deux emplois en même temps et que j’avais même poursuivi des études de doctorat.
J’ai juste compris que si on est mère, la carrière professionnelle doit prendre une pause ou éventuellement on doit se contenter des emplois à profil bas, plus modestes. Et si j’étais un homme et j’avais un enfant? Aurais-je pu assumer l’emploi en question?
Cela fait longtemps que je n’ai pas éprouvé un si fort sentiment de discrimination et d’injustice.
Pendant l’autre entretien, le spécialiste en Ressources humaines britannique ne m’a posé aucune question personnelle, rien qui soit en dehors de mes compétences professionnelles. Oui, on m’a demandé si j’étais disponible pour voyager et j’ai expliqué que j’avais toujours fait cela dans mon métier et que j’étais toujours prête à continuer à le faire.
Le premier entretien a duré environ 15 minutes. Le deuxième – 45 minutes.
Mon français est meilleur que mon anglais, car comme une idiote (encore une fois), je l’ai toujours privilégié au cours ma carrière au point même de recevoir un prix pour « ma contribution au rayonnement de la langue française et des valeurs de la Francophonie en Roumanie ». Fatale erreur.
Je commence demain mes cours d’anglais.
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