Encore vivante ?

30 octobre 2013

Encore vivante ?

J’ai participé il y a quelques jours à une rencontre des journalistes avec les responsables de l’Institut français de Roumanie pour lancer la nouvelle saison culturelle. Très vite, le sujet a un peu dévié… « C’est de plus en plus difficile de trouver des interlocuteurs roumains qui s’expriment en français pour les interviews », « les compagnies françaises font leur réunions/conférences de presse en anglais »,  « dans les jurys de cinéma on est obligé de parler anglais, même à Cannes »,  « le curriculum britannique est de plus en plus adopté dans les écoles maternelles et écoles roumaines »…

L'Institut français de Bucarest. Source photo: Facebook/InstitutulFrancez
L’Institut français de Bucarest. Source photo : Facebook/InstitutulFrancez

À tout cela s’est rajouté mon propre témoignage. En 3e cycle en sciences de la communication, je suis la seule à préférer lire les bibliographies en français. Mes autres collègues préfèrent, tous, lire en anglais… Il y a 15 ans, dans le même domaine, les proportions étaient 50 %-50 %.

Les professeurs français ou francophones que j’ai croisés ces derniers mois racontaient tous qu’ils sont arrivés à se faire comprendre dans la rue, à Bucarest, grâce à l’anglais.

Et encore un : j’ai cherché à peine dans tout un quartier, une école maternelle qui propose des cours de français (oui, c’est vrai, les Roumains tiennent à ce que leurs enfants apprennent des langues étrangères à l’âge précoce). Rien. Que de l’anglais ou de l’allemand. Et j’ai fini par choisir un établissement où la langue d’enseignement est l’anglais et le curriculum est britannique.

Au total, 1,6 million d’élèves roumains apprennent encore le français. Le chiffre, même encore important, est en baisse et, on le reconnaît à basse voix, la qualité de leur français est aussi en baisse…

La Roumanie aurait dû fêter la semaine dernière ses 20 ans comme membre à part entière de l’Organisation internationale de la Francophonie, mais l’événement est passé inaperçu. Juste un communiqué du ministère français des Affaires étrangères et un message de l’ambassadeur de France ont rappelé cet anniversaire. Occasion pour se demander si cette francophonie roumaine est encore vivante…

PS : Je viens d’apprendre que nos voisins bulgares se sont quand même mobilisés pour célébrer les 20 ans en organisant un colloque intitulé : « Francophonie et citoyenneté numérique ».

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Commentaires

Ladji Sirabada
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Hum? Que répondre? Que dire? 12 mois en Roumanie à promouvoir la Francophonie. J'ai trouvez certaines actions comme comédie, mise en scène pour plaire et remplir les rapport. L'Anglais m'a souvent aidé. Beaucoup aidé. Mes vieux voisins s'enthousiasmaient de parler français pour l'avoir étudier. Une chance pour moi d'avoir des voisin un peu francophile.

Pour dire comme le dirait mon chef. heu ex chef. Le français est discrètement présent. Les grands promoteurs de cette langue, n’hésitent pas à user de l'anglais pour se sortir de certaines situations...Alors, que dire?

cameliacusnir
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Ah, je suis contente que tu es d'accord...
Et le chef avait raison, très ou même trop discrètement présent.

Abdoulaye Barry
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intéressent billet qui peux donne à réfléchir sur le positionnement du français dans le monde d'aujourd'hui. Par contre ici en Guinée Bissau qui est un pays lusophone, le français est nette progression. Je compte d'ailleurs consacré un billet à cette avancée de la langue française dans les prochains jours.

cameliacusnir
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Vous avez de la chance, ce n'est pas le cas chez nous. J'ai hâte de lire ton billet, on dressera un carte de l'état de la francophonie ;)

ellge
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Bonjour de Sibiu ou je vis depuis 10 ans...
Votre message est hélas vrai. Une perte de vitesse de la langue francaise.
N'étant pas du milieux diplomatique ni homme d'affaire ,je constate quelques erreurs comme celles de certains (pas tous) hommes d'affaires qui s 'expliquent mal en englais au lieu de faire travailler un jeune interprete roumain. Une langue tierse en moins pour mieux se comprendre..Cependant dans les entreprises francaise , des patrons ont relancer des cours de francais en interne.Il serait bon de la faire savoir.Bon que les chambres de commerce fassent passer le message?.

il est certain que de nombreux roumains trouvent du travail ici ou en France dans des postes relativement bien vus.La encore ,peut être ,nos institutions devraient étre plus éfficaces à montrer le bien fondé de bien apprendre la langue de Moliere. j ai l' impression encore d'erreurs de communications....

Depuis peu , on revoit des programmes de television francaise ou traduits .c 'est une chose que j'ai signalé à Bucarest de mon arrivée !..donc tout n 'est pas perdu...

j'ai l'impression qu'il des programmes d'echanges étudiants qui fonctionnent . Pourrait on le lire dans la presse et non pas dans les dossiers d'ambassade..?

Comme il est de savoir dans la presse roumaine des réussites des roumains en France et vice versa...!

le bon travail des instituts culturels , des alliances francaises(que je souhaite dec plus en plus nombreuses), de l'IHCR etc donc ce qui est fait par des professionnels est à mon avis vivant loin de Bucarest peu connu .Mettons en réseau encore plus ces informations .

il est probable que l 'argent est aussi noeud de la guerre et la france ne peut plus arroser comme elle l'a fait alors pourquoi ne pas valoriser des élites , faire des choix d'enseignement à la carte pour des gens motivés (jamais trop tard) parce que il ne fait pas se leurrer.Un gamin n'apprend pas une langue 2/heures par semaine ,il baragouine et on fait plaisir au directeur d'etablissement ou au chargé de mission , de passage dans le pays. Se disperser n'est pas bon.

Pour résumer , il y a une une histoire commune , il ya des espoirs et des moments partagés .Moins .Quel est le probleme. Laissons ceux qui n y croient pas, aller voir ailleurs et faisons bien ce que nous semble etre le plus éfficace pour nos deux communautés sans les traditionnelles "pleurnicheries" des associations bien pensentes voulant regler des problemes hors de chez eux, montrons la vraie Roumanie , n' idéalisons pas la France ,soyons partenaires .. quoi dire de plus. Le monde change alors communiquons mieux sans tricher. Et adaptons nous..

cameliacusnir
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Merci pour votre témoignage.
Moi aussi je trouve que parfois les choses se passent mieux dans les autres villes de Roumanie qu'à Bucarest...
Les hommes d'affaires qui parlent en mauvais anglais j'en ai entendu beaucoup :( et ils me désespèrent... Si les cours de français ont repris dans les compagnies françaises implantées en Roumanie, je me réjouis. Le travail de Instituts et Alliances, je l'apprécie mais je leur reprocherais peut-être un certain manque de "pragmatisme". Par contre, je trouve que le nombre de programmes de télévisions en français accessibles en Roumanie est très réduit.
Quant à l'intérêt de la presse roumaine pour les réussites franco-roumaines, que dire? La pauvre presse roumaine essaie de survivre suffoquée entre les batailles politiques et les mondénités. Elle n'a pas le temps pour autre chose.
J'ai adoré votre message final: "montrons la vraie Roumanie , n’ idéalisons pas la France ,soyons partenaires .. quoi dire de plus. Le monde change alors communiquons mieux sans tricher. Et adaptons nous." Une vraie devise mobilisatrice. :)

PINEAULT richard
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Rien à ajouter à ce que vous décrivez, surtout sur l'attitude "ambiguë" de nos propres institutions françaises, qui sacrifient souvent notre langue à une fausse modernité favorisant l'anglais qui n'en a pas besoin ! J'aurais hélas d'autres exemples aussi navrants à raconter.
Une seule chose rassurante dans vos remarques pour quelqu'un qui comme moi travaille sur la langue parlée à travers le jeu d'improvisation, savoir que des "francophones" comme vous, trouvent un plus culturel dans la pratique du français et ainsi aident par des gestes simples à l'intérêt de son usage ! Merci

cameliacusnir
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J'aimerais bien connaître vos exemples :).
Et c'est sûr qu'il y a encore des Roumains pour lesquels le français est une deuxième... "patrie". Quand même je ne peux pas m'empêcher de constater le déclin que je constate, parfois quotidiennement, autour de moi.